Les hellénistes de 2de ont été invités à décrire une scène du quotidien à la manière du poète grec Homère, en recourant au registre épique. Voici ce que nous propose Bélize B. élève de 2de 3 :
A peine le premier pied posé sur le sol de la salle, je combats l’envie urgente, pressante et immédiate de m’enfuir très loin, très vite, de façon absolument ridicule sûrement, mais de quitter ces lieux sombres et angoissants. La salle me narguait de ses mille yeux inquisiteurs tandis je les miens parcouraient la pièce à la recherche d’une sortie, d’une issue, de n’importe quoi qui me permettrait de partir d’ici. Mais la sortie me tournait le dos, enfin, la logique voudrait que ce soit moi qui lui tourne le dos, étant donné que je venais d’entrer dans la pièce, mais retenons plutôt que dès lors, je ne désirais que m’en échapper. J’étais pourtant prisonnière de ce lieu et toute mes larmes ou mon désespoir ne pourraient rien y faire. J’aperçus soudain un homme de taille moyenne, la cinquantaine, blond, une barbe deux mois et un début de calvitie. Il posa son regard sur moi et m’apostropha d’une voix sèche et rigide, que j’espérais ne plus jamais avoir à entendre de ma vie, avant de détourner son attention sur une autre infortunée que je remerciais et plaignais intérieurement. Un pied après l’autre, je m’avançais doucement, esquivant et évitant les obstacles semés sur la route. Le trajet était semblable à un champ de mines et aussi précautionneuse et attentive que je l’eusse voulu, je n’ai pu m’empêcher de trébucher une ou deux fois. Ayant finalement atteint ma destination, la tension ne quitta pas mon corps pour autant, mon courage, par contre, lui ne s’était pas gêné pour m’abandonner lâchement dès mon entrée dans la pièce, ce traitre. Il fallut alors que je m’assoie, c’est à dire que j’admette physiquement la supériorité de cet homme sur moi du fait qu’il soit debout et que mes mains soient moites et ma voix tremblante. Sans faire de mouvements brusques qui prendraient le risque de ramener sur moi son attention, je me penchai doucement pour atteindre mon sac et me forçai à en sortir les ustensiles utiles à ma torture. Je posai lentement sur la table une feuille simple et un stylo, priant intérieurement tous les dieux existants pour que l’homme ne se retourne pas vers moi. De toute évidence ces derniers ont des problèmes d’audition ou bien sont tous partis simultanément en vacances puisque le dit homme me faisait désormais face. Sans me lâcher du regard, il s’avança lentement vers moi, provoquant en moi une tachycardie digne d’un patient cardiaque, et alors que la scène se passait au ralenti comme dans un mauvais film d’action, je tentai dans mes derniers instants de me changer les idées. Tiens, mais c’est qu’il est sacrément joli ce mur ! Et ces grandes fenêtres, ça fait toute la différence ! Et puis ce plafond est sacrément... ! La silhouette imposante de l’homme en face de moi me coupa dans mes réflexions architecturales passionnantes et ranima en moi divers sentiments peu agréables : l’appréhension, la peur, l’angoisse, que dis-je, la panique ! Son regard fit plusieurs allers-retours entre moi et la feuille avant qu’il ne s’en empare pour en lire le contenu. Je décidai alors de prendre la parole, d’une voix tremblante certes, mais de prendre la parole tout de même :
“-Bonjour papa ! C’était bien ta journée ? Est-ce que tu pourrais me signer... mon exclusion de cours... s’il te plait ?”
Bélize